Le livre préféré de Warren Buffett et Bill Gates

Par La rédaction | 15 avril 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Livre tenu par des mains émergeant d'un mur.
Photo : ximagination / 123RF

En 1991, lorsqu’il rencontre Warren Buffet pour la première fois, Bill Gates lui demande de lui recommander un livre, raconte un article de CNBC. Encore aujourd’hui, il se félicite d’avoir posé la question.

La demande n’est pas si étonnante, puisque les livres écrits par ou pour des entrepreneurs pullulent et que les gens d’affaires en sont friands. On n’a qu’à penser aux succès de livres comme Shoe Dog, du fondateur de Nike, Phil Knight, au Principles de Ray Dallio, le fondateur de Bridgewater Associates, ou à Start With Why, du conférencier Simon Sinek.

UN CLASSIQUE INDÉMODABLE

L’ouvrage que Warren Buffett suggère à Bill Gates en 1991 est toutefois loin d’être une nouveauté, même à l’époque. En effet, l’oracle de d’Omaha l’encourage à lire Business Adventures, publié par John Brooks en 1969. Ce dernier est un journaliste et auteur, spécialisé en finances, qui a notamment écrit pour le New Yorker pendant plusieurs années.

Son livre rassemble d’ailleurs douze histoires d’abord parues dans le New Yorker et portant sur certains des faits les plus marquants du monde des affaires américains au 20e siècle. Chacune d’entre elle raconte un moment qui a défini une entreprise. On y retrouve par exemple le terrible échec commercial du modèle Edsel de Ford, la montée rapide de Xerox ou encore les scandales de General Electric (création d’un cartel illégal pour fausser les prix) et de Texas Gulf Sulphur (délit d’initié).

« Plus de deux décennies après que Warren me l’aie prêté – et plus de quatre décennies après sa première publication –, Business Adventures reste le meilleur livre sur le monde des affaires que j’aie jamais lu », insistait Bill Gates en 2014 sur son blogue, des propos rapportés récemment sur CNBC. 

La qualité du livre tiendrait au fait qu’il peut intéresser aussi bien les gens d’affaires que n’importe qui d’autre. Il offre des perspectives intéressantes sur les gens et la vie, nos comportements instinctifs et sur ce qui nous permet d’exceller, aussi bien que sur les ennuis qui nous attendent si on laisse libre cours à nos plus bas instincts.

CNBC note trois leçons importantes, à l’occasion des cinquante ans du livre.

1. SI ON N’ÉVOLUE PAS, ON DEVIENT OBSOLÈTE

Lorsqu’il écrit sur l’échec du modèle Edsel de Ford en 1958, Brooks note que Ford voulait faire une voiture qui correspondrait aux besoins des Américains, alors il a sondé la population pour connaître ses attentes. Il a présenté Edsel comme le nouveau et ultime modèle de la classe moyenne américaine. Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné?

En fait, les résultats du sondage ont déçu Ford, qui a décidé de construire le modèle à sa façon. Il a commencé à faire la mise en marché de la voiture un an avant que sa conception ne soit terminée. Au moment du lancement, la voiture avait des fuites d’huile et sa valise refusait obstinément de s’ouvrir… Le modèle a aussi soulevé les moqueries en raison de son coût très élevé et de sa consommation d’essence gourmande.

En refusant de tenir compte de l’évolution de la société et des besoins des gens, on risque fort de se rendre vulnérable.

2. L’ÉCHEC N’EST PAS UN DRAME

L’échec du modèle Edsel a coûté 350 millions de dollars américains à l’époque, ce qui correspondrait à plus de 4,1 milliards de dollars canadiens en 2019. Les dirigeants de Ford n’ont accepté aucune responsabilité pour ce raté, rejetant plutôt la faute sur les consommateurs. 

Selon un responsable du marketing, qui s’était confié à John Brooks, les achats faits par les consommateurs au fil des ans avaient amené l’industrie à construire exactement ce genre de modèle. « Nous leur avons donné, et ils n’en voulaient pas. déplorait-il. Ils n’auraient pas dû agir comme ça. Et maintenant le public veut ces petites Beetles. Je ne comprends pas. »

Apprendre de ses erreurs est pourtant la chose la plus importante pour connaître du succès par la suite, selon M. Brooks.

3. NE JAMAIS SOUS-ESTIMER L’IMPORTANCE DE LA CULTURE D’ENTREPRISE

John Brooks soutient que Joseph C. Wilson, fondateur de Xerox, était en avance sur son temps dans les années 1960 en raison de la priorité qu’il accordait à une culture d’entreprise empreinte de compassion. Il a donné des millions de dollars à des œuvres de charité et des universités. Il a aussi instauré des politiques d’embauche progressistes lors du mouvement des droits civiques des afro-américains.

« Pour fixer des objectifs élevés, pour avoir des aspirations quasiment hors d’atteinte, pour inculquer aux gens la croyance qu’ils peuvent les atteindre… c’est aussi important que le bilan financier, peut-être plus », aurait-il confié à M. Brooks.

Voilà donc un classique qui pourrait vous intéresser… ou intéresser vos clients. Il offre en tout cas bien de la matière à discussion.

La rédaction