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Moyen-Orient - FOCUS

Les émeutes en France vues par le monde arabe

Entre soutiens aux protestataires et condamnations de la violence, comment les pays de la région perçoivent-ils la colère de la rue française ?

Les émeutes en France vues par le monde arabe

Des manifestants fuyant l’explosion d’un feu d’artifice dans une rue de Nice, dans le sud-est de la France, le 2 juillet 2023, lors de la cinquième nuit d'émeutes qui a suivi l’assassinat d’un conducteur adolescent dans la banlieue parisienne de Nanterre, le 27 juin. Valery Hache/AFP

Après cinq nuits consécutives de violences urbaines en réaction à la mort de Nahel M. mardi dernier par un policier, la France se trouve sous le feu des projecteurs. Vu du Moyen-Orient, les émeutes semblent traduire les limites d’un modèle démocratique, défaillant sur ses propres valeurs. Si certains critiquent le racisme des institutions, d’autres voient dans la violence des manifestants la déchéance d’un État trop permissif. Dans les colonnes du quotidien saoudien al-Chark al-Awsat, Abdel Rahman al-Rached, éminent journaliste et intellectuel, ne mâche pas ses mots. Les manifestations sont le reflet de « la faiblesse de l’autorité centrale » et du « respect décroissant des institutions de l’État ». La raison selon l’éditorialiste ? Des « voies législatives et judiciaires » trop complaisantes, transformant les « manifestations en un état de guerre civile sur le terrain ». Et ce n’est pas tout : « La raison de l’échec sécuritaire en France vient aussi d’un échec culturel », poursuit l’éditorialiste, pointant l’immigration dont « souffrent les pays européens » et laissant ainsi entendre que les manifestants les plus violents en seraient issus.

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Un avis partagé par de nombreuses voix émanant de pays du Golfe peu familiers de la contestation sociale et pratiquant une politique répressive systématique envers les opposants au régime. « La naturalisation (des personnes immigrées, NDLR) est un danger existentiel qui menace et détruit n’importe quel pays », se fend ainsi dans un tweet Khalaf Ahmad al-Habtoor, un influent homme d’affaires émirati, rejoignant ainsi les thèses de l’extrême droite et d’une partie de la droite française. « On ne peut qu’être confus lorsqu’on lit ce que la presse arabe écrit sur les événements de la France », s’indigne en retour Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam), sur son compte Twitter. « Les manifestations de banlieue ne sont pas un critère suffisant pour juger de l’échec des millions de citoyens français qui portent un nom arabe ou africain », s’insurge-t-il, rappelant également que les personnes nées en France de parents ou de grands-parents étrangers ne devraient plus être soumis à l’injonction de s’intégrer, mais être considérées comme citoyens français à part entière. À rebours des discussions identitaires, pour le politologue algérien, les événements qui secouent la France relèvent bien plus d’une « revendication du droit à l’égalité et à la justice pour tous ».

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« Malheureusement, il n’est pas surprenant que Nahel (...) dont la vie a été tragiquement interrompue par la police soit d’origine algérienne », pouvait-on lire ce vendredi dans une tribune offerte par le média qatari al-Jazeera à la sociologue Crystal M. Fleming. Selon elle, la mort brutale du jeune homme traduirait le racisme « systémique » de l’État français à l’égard des populations notamment d’origine maghrébine. Un héritage d’une « longue histoire coloniale », que la France ne serait pas prête à reconnaître, aveuglée par l’universalisme affiché de ses valeurs. Une posture que semble relayer le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH), qui a déclaré vendredi qu’il était temps pour la France de s’attaquer aux « profonds problèmes de racisme et de discrimination parmi les forces de l’ordre ». Par ailleurs, la mère de Nahel M. a pris la parole jeudi dans une interview diffusée sur France 5, estimant que le policier « a vu une tête d’un Arabe, d’un petit gamin » et « a voulu lui ôter la vie », tout en précisant ne pas en vouloir à l’ensemble de l’institution policière.

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Côté algérien, la double nationalité de l’adolescent tué a servi de prétexte pour mettre tacitement en garde les autorités françaises. Assurant « faire confiance au gouvernement français à assumer pleinement son devoir de protection, soucieux de la quiétude et de la sécurité dont doivent bénéficier nos ressortissants sur leur terre d’accueil », le ministère algérien des Affaires étrangères a été accusé d’ingérence par une partie de la classe politique française, suscitant une surenchère du discours anti-immigration. « Si l’Algérie s’inquiète pour ses ressortissants présents en France, qu’elle n’hésite pas à les récupérer, à commencer par ceux qui violent les lois de la République française », a rétorqué Jordan Bardella, président du Rassemblement national lors d’une conférence de presse.

Loin des débats identitaires, d’autres réactions de la région semblent plutôt profiter de l’événement tragique pour critiquer les autorités françaises sur d’autres terrains. Dans le Daily Sabah, média turc prorégime, on préfère pointer la présence vivement contestée du président français Emmanuel Macron mercredi, au concert du chanteur britannique Elton John, en pleine flambée des tensions. En Iran, la condamnation officielle des autorités appelant la France à « mettre fin au traitement violent » de sa population et à faire « preuve de retenue » dans la crise provoquée par la mort de Nahel M. sonne comme une revanche sur la solidarité dont avait fait preuve la France à l’égard du mouvement de contestation qui avait saisi la République islamique en septembre dernier, et dont les manifestants ont été durement réprimés.

Après cinq nuits consécutives de violences urbaines en réaction à la mort de Nahel M. mardi dernier par un policier, la France se trouve sous le feu des projecteurs. Vu du Moyen-Orient, les émeutes semblent traduire les limites d’un modèle démocratique, défaillant sur ses propres valeurs. Si certains critiquent le racisme des institutions, d’autres voient dans la violence...

commentaires (9)

Les critiques de biens des pays arabes contre la France rappellent celles qu’ils adressaient au Liban dans les années 60 et début des années 70 chaque fois que celui-ci tentait de contenir les mouvements palestiniens implantés sur son sol. On sait comment ça s’est terminé…

AntoineK

23 h 37, le 04 juillet 2023

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Commentaires (9)

  • Les critiques de biens des pays arabes contre la France rappellent celles qu’ils adressaient au Liban dans les années 60 et début des années 70 chaque fois que celui-ci tentait de contenir les mouvements palestiniens implantés sur son sol. On sait comment ça s’est terminé…

    AntoineK

    23 h 37, le 04 juillet 2023

  • “ Par ailleurs, la mère de Nahel M. a pris la parole jeudi dans une interview diffusée sur France 5, estimant que le policier « a vu une tête d’un Arabe, d’un petit gamin » et « a voulu lui ôter la vie”… C’est vraiment n’importe quoi. Je ne vois pas un policier se lever le matin en se disant “aujourd’hui je vais tuer un arabe”… J’ai passé mon adolescence en France, à Paris, il y a bien longtemps. C’est vrai que la probabilité d’être arrété dans la rue par des policiers ou CRS armés de mitraillettes pour me faire demander mes papiers était plus élevée que pour mes amis français. Cela dit, en obtempérant et restant poli, il n’y a jamais eu de problèmes. Par ailleurs, au premier cas ou j’aurais colorié en dehors des lignes, mes parents n’auraient pas attendu des démelés avec la police pour me refiler une raclée mémorable. Ce qui est arrivé à Nahel est bien triste, mais je trouve que la responsabilité est partagée - entre un policier qui a été rapide sur la gachette, et un milieu familial et sociétal qui n’a jamais montré à ce garçon les limites qu’il s’agissait de ne jamais dépasser. Aujourd’hui, en France, il n’y a que des perdants…

    Micheline

    20 h 19, le 04 juillet 2023

  • Ces jeunes sont brûlés ils sont fichés et il y aura plus de racisme ils ne pourront pas même immigrer, la faute est aux parents au lieu de leur donner l’amour du pays qui les a accueilli, ils tapaient sur quel gâchis

    Eleni Caridopoulou

    10 h 58, le 03 juillet 2023

  • Nous n’avons pas entendu ces gens là s’exprimer suite à l’égorgement du professeur de géographie français. Serait pu-ce du racisme anti français? Je vous laisse en décider. Le ridicule ne tue pas en tout cas. Tous ces pays Arabes qui s’insurgent contre la soit disant inégalité et injustice envers les immigrés n’ont qu’à les accueillir dans leurs vastes pays prospères afin de leur assurer travail, liberté d’expression et justice en tout genre. Ils sont issus de la même communauté, ont les mêmes us et coutumes et ne se sentiraient en rien opprimés ni persécutés pour leur tenues vestimentaires ou régimes alimentaires, puisqu’ils passeraient inaperçus dans leurs sociétés. Il est très étonnant que tous les immigrés musulmans ne songent jamais à fouler leur sol.

    Sissi zayyat

    10 h 57, le 03 juillet 2023

  • Malheureusement il y aura plus de racisme et ces jeunes n’auront plus d’avenir il ne pourront plus immigrer dans d’autres pays par ce qu’ils sont fichés, la faute est aux parents , ils n’ont pas su leur donner une éducation d’aimer le pays qu’il les ait accueilli, il y a un proverbe grec qui dit , la terre que tu habites c’est ta patrie et la respecter mais ces pauvres gosses ne savent pas ou et la Grèce et sa démocratie

    Eleni Caridopoulou

    10 h 53, le 03 juillet 2023

  • Le type de 17 mort était connu des services de police pour ses refus RÉPÉTÉS d’obtempérer. Sans permis de conduire, il refusait de s’arrêter aux barrages. Un policier a tiré . NON pas la police. Ce policier est jugé. Mais tout ce qui a suivi relève de terrorisme, d’actes de voyous et de criminels. A force de laxisme, cette génération n’a plus aucun respect et ne connaît pas l’autorité . A la maison, si un père ou mère donne une fessée à un enfant… le lendemain, l’assistante sociale débarque pour punir les parents « de maltraitance ». Lorsqu’un élève frappe un/une prof à l’école, l’élève est à peine réprimandé. Lorsque les parents d’élèves insultent et crachent sur le professeur parce que le prof a grondé son fils, l’école ne fait rien. Le LAXISME est devenu un acquis pour ces voyous et dealers. Du coup, lorsque la police harcèle les dealers, ca devient du racisme obligatoirement ( la plupart… pas tous.. sont d’origine étrangère). Aujourd’hui, c’est un faisceau de vecteurs qui se regroupent : un malaise social, du laxisme, des dealers qui manipulent des mineurs, des islamistes planqués et manipulent aussi sans oublier la haine héritée et importée en france de la guerre d’algerie qui est encore présente au sein des nouvelles générations de français ayant une culture comme dit vulgairement « le c..ul entre les 2 chaises ». Ils ne se sentent ni algériens ( ne pouvant pas faire là-bas ce qu’ils font en france) et ni français : refusant les lois de la république . Bonne journée.

    LE FRANCOPHONE

    10 h 20, le 03 juillet 2023

  • Coté Libanais, on préconise qu'Emmanuel Macron allie le geste à la parole et qu'il se désiste en faveur de Sleiman Franjieh avec Melanchon comme premier ministre dans un souci pragmatique de résoudre la crise, sauver l'economie Francaise et bien etendu effectuer les réformes nécessaires. L'Europe financera les degats des violences urbaines.

    Moi

    10 h 14, le 03 juillet 2023

  • Aussi dramatique soit-elle, la mort d'un jeune voyou, résultant, semble-t-il, d'une bavure policière, n'est qu'un prétexte. L'explosion générale de la violence, jusque là cantonnée aux "territoires perdus de ls République" n'a aucun rapport avec la recherche de la justice réclamée à coup de slogans criés ou placardés. Qu'un de ces casseurs m'explique comment l'incendie de voitures de paisibles citoyens ou le pillage de magasins peut faire avancer cette cause. Je le précise: comprendre n'est pas excuser, et encore moins. justifier, mais on peu comprendre le ras-le-bol des policiers, insultés, agressés et abandonnés par leur hiérarchie. Un jour, un jeune voyou en fait les frais: peut-être se trouvait-il simplement là au mauvais moment.

    Yves Prevost

    07 h 20, le 03 juillet 2023

  • Nos Arabes sont ce qu'étaient et sont encore vos Palestiniens ! Que l'on ne nous parle pas de colonialisme , la France est intervenue en Algérie parce les pirates algériens écumaient les côtes méditerranéennes depuis des siècles pour voler et prendre des esclaves ! Plus d'un million de Français ont été chassés d'Algérie en 1962 et ils se sont intégrés malgré leur douleur ! Des Français commencent à s'organiser pour résister . Nous ne nous laisserons pas islamiser !

    Yves Gautron

    06 h 53, le 03 juillet 2023

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