Le village d'Antraigues pleure Jean Ferrat, "un homme comme les autres"

  • Portrait du chanteur Jean Ferrat, le 09 août 2003 lors du rassemblement altermondialiste "Larzac 2003", à l'Hospitalet-du-Larzac Portrait du chanteur Jean Ferrat, le 09 août 2003 lors du rassemblement altermondialiste "Larzac 2003", à l'Hospitalet-du-Larzac
    Portrait du chanteur Jean Ferrat, le 09 août 2003 lors du rassemblement altermondialiste "Larzac 2003", à l'Hospitalet-du-Larzac Lionel Bonaventure AFP/Archives
  • Le  village d'Antraigues-sur-Volane le 13 mars 2010
    Le village d'Antraigues-sur-Volane le 13 mars 2010 Jean-Pierre Clatot AFP
  • L''Hôtel "La Montagne" dont l'artiste Jean Ferrat était propriétaire à Antraigues-sur-Volane dans l'Ardèche, le 13 mars 2010.
    L''Hôtel "La Montagne" dont l'artiste Jean Ferrat était propriétaire à Antraigues-sur-Volane dans l'Ardèche, le 13 mars 2010. Jean-Pierre Clatot AFP
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"Un homme comme un autre": les habitants d'Antraigues-sur-Volane, où Jean Ferrat s'était retiré depuis de nombreuses années, pleurent le chanteur qui faisait la fierté de ce coin perdu de l'Ardèche.

Jean Ferrat est mort samedi à l'âge de 79 ans en Ardèche, région qui lui avait inspiré sa célèbre chanson "La Montagne".

"Il voulait vivre la même vie que chacun des villageois, et pas une vie de vedette. Pourtant, si Antraigues était connu, c'était grâce à lui", souligne le maire, Michel Desenti, voisin et ami du chanteur "depuis 18 ans".

Les yeux embués, tandis que l'unique café-restaurant du village diffuse un album de l'artiste, il se souvient de la "grande sensibilité, la vraie gueule" de Jean Ferrat, "un regard particulier, profond, qui en disait plus que les mots". "Pour nous, c'était le dernier des grands de la chanson française avec Brel, Ferré et Brassens, mais il reste avant tout un homme comme les autres", insiste-t-il, précisant que les obsèques du chanteur pourraient avoir lieu mardi.

Arrivé à Antraigues en 1964, l'artiste né en région parisienne s'était définitivement installé en 1973 dans ce village en pierre de 600 habitants, dressé sur un éperon rocheux dominant une rivière, dans une maison légèrement à l'écart.

"Toute l'année, les gens venaient" pour voir Ferrat "jouer aux boules avec ses amis sur la place du village, vers 17H30-18H tous les jours", rappelle la patronne du magasin de produits régionaux, Chantal Rimet, qui glissait parmi ses produits quelques CD de l'artiste. "Gentiment il me les dédicaçait, et ça se vendait encore très bien", rappelle-t-elle.

Depuis plusieurs années pourtant, Jean Ferrat avait des problèmes de santé et se faisait plus rare. Il ne jouait plus à la pétanque que le dimanche, l'occasion de "boire son verre de sirop de cassis" rituel au café, confie la patronne, Séverine Michel, émue. "C'était quelqu'un de très gentil, très discret, et les gens étaient très respectueux. Mais depuis quelque temps on sentait qu'il était fatigué, il n'avait pas envie de sortir de chez lui et c'est sa compagne Colette qui s'occupait des courses", raconte-t-elle.

Le chanteur, ancien conseiller municipal d'Antraigues à l'époque où son ami Jean Saussac en était le maire, avait donné à l'auberge du village le nom de "La Montagne", l'une de ses chansons les plus célèbres, "mais n'a jamais voulu qu'on donne son nom à des écoles", rappelle le président du Conseil général de l'Ardèche, le socialiste Pascal Terrasse.

Chanteur engagé Jean Ferrat, longtemps compagnon de route du parti communiste,est mort samedi à l'âge de 79 ans vers 13H30 à l'hôpital d'Aubenas, à une quinzaine de kilomètres de son village d'Antraigues-sur-Volane.

"La France perd l'un de ses plus grands poètes, dans la lignée de Brassens, Brel et Ferré. Et pour l'Ardèche, c'est notre ambassadeur qui s'en va, c'est dramatique", a réagi le président socialiste du conseil général de l'Ardèche, Pascal Terrasse. Selon lui, le chanteur, souffrant d'un cancer depuis plusieurs années, "ne communiquait plus que par écrit" et ne se montrait "quasiment plus" depuis deux ans. Son dernier combat personnel aura été le soutien à l'opposant iranien Madjide Chahbasian, assigné à résidence à Privas en 2003 et menacé d'extradition.

"Il a toujours refusé le star system. C'était un homme de gauche et un poète d'une douceur extrême, d'une sensibilité très forte", a poursuivi M. Terrasse, rappelant que "La montagne", l'un des grands succès du chanteur composé en 1964, était "un hymne pour tous les Ardéchois".

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