Émeutes : les violences en France vues de l'étranger, entre inquiétudes et instrumentalisation

  • Les émeutes vues de l'étranger.
    Les émeutes vues de l'étranger. AFP - BERTRAND GUAY
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Cécile FEUILLATRE et les bureaux de l'AFP à l'étranger / AFP

l'essentiel Vues de l'étranger, les émeutes urbaines en France interrogent, entre arrière-pensées sur le modèle social français, la sécurité, ou encore la fragilité d'Emmanuel Macron.

Les émeutes en France ont été scrutées avec intérêt dans les pays étrangers, qui s'interrogent, non sans arrière-pensées, sur le modèle social français et l'intégration, la sécurité, ou encore l'affaiblissement du président Macron.

En Autriche, Der Standard pointe mardi en éditorial la "paralysie" de la politique étrangère française. "Les turbulences politiques internes forment une sombre toile de fond à la superactivité souvent provocatrice du chef d'État français", écrit le journal, avant de s'interroger: "la question se pose pour les amis et les ennemis à l'étranger: peut-on faire confiance à Macron ?".

L'une des réactions les plus remarquées est venue du chancelier allemand Olaf Scholtz, qui s'est dit "préoccupé" de la situation en France, le lendemain de l'annonce de l'annulation de la visite d'Etat d'Emmanuel Macron en Allemagne, alors que les deux pays connaissent de multiples tiraillements, du nucléaire à l'Europe de la défense en passant par les relations avec Washington.

"En Allemagne, on s'inquiète de plus en plus de la marge de manœuvre du président français", souligne à l'AFP Yann Wernert, politologue au Centre Jacques Delors à Berlin: "on se pose la question sur la force politique du partenaire avec lequel Berlin veut travailler".

M. Macron s'est campé depuis le début de son premier mandat en "leader" européen, affichant sa volonté de relancer et réformer l'UE, une ambition qui suscite souvent l'irritation de ses partenaires, en dépit d'avancées comme la Communauté politique européenne (CPE) ou la réflexion sur l'Europe de la défense.

Immigration et complotisme

D'autres ont vu dans les émeutes une occasion en or de fustiger l'immigration et de justifier leurs politiques antimigratoires. Le jeune Nahel abattu par un policier, dont la mort a déclenché les émeutes, était Français d'origine algérienne. Et les banlieues difficiles et précarisées en France abritent souvent des populations issues de l'immigration maghrébine ou africaine.

Le pouvoir nationaliste en Pologne réduit ainsi la crise à un conflit entre les immigrés et la société française, le Premier ministre Mateusz Morawiecki allant jusqu'à opposer les images "des émeutes, des pillages, des voitures en feu" à celles "des villes et des villages polonais tranquilles".

Idem en Espagne où le parti d'extrême droite Vox a dénoncé ce week-end "les masses anti-européennes" qui "détruisent des commissariats et brûlent des bibliothèques".

Le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto a lui dénoncé "la fausse illusion et l'échec de l'intégration" en Europe de l'ouest.

Côté américain, le New York Times a vu dans la crise un problème spécifique français, allant jusqu'à mettre en parallèle la mort de Nahel et l'interdiction du hijab pour les footballeuses, qui illustrent selon lui "la crise d'identité et d'intégration en France".

Sans surprise enfin, la Russie et la Chine ont fait des gorges chaudes des émeutes. Les médias russes proches du Kremlin ont glosé sur la "décadence", le "désordre" ou l'"abîme social" qui divise la France.

Le Global Times chinois n'a pas reculé devant des accents complotistes pour pointer du doigt son grand rival américain, soupçonné d'œuvrer en coulisses: "Des observateurs font remarquer que Macron s'est distancié des Etats-Unis, appelant à une autonomie stratégique européenne ou se démarquant de la politique américaine vis-à-vis de la Chine".

Image dégradée

Et un an après le fiasco de l'organisation de la finale de la Ligue des Champions près de Paris, quelques mois après l'annulation de la visite du roi Charles pour cause de manifestations contre la réforme des retraites, et à un an des Jeux Olympiques à Paris, la sécurité est au cœur des préoccupations.

"On a un plan de sécurité global pour les JO", assure l'Elysée, soulignant par ailleurs que la France n'est pas la seule à faire face à des violences urbaines, citant la Belgique, la Suisse ou le Canada.

Reste que l'image de la France subit "une dégradation", s'inquiétait le patronat français lundi, citant notamment "les annulations dans le secteur du tourisme".

Dans un éditorial lundi, le Bild allemand pleurait "un paradis en flamme", et convoquait Bardot, Godard, Belmondo et la Côte d'Azur pour regretter une France de carte postale.

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Les commentaires (3)
Berg... Il y a 10 mois Le 05/07/2023 à 08:45

L'ultra droite excite l'ultra gauche.

Ils n'ont rien trouvé de mieux à faire plutôt que de préparer 2027.

pouet31mp Il y a 10 mois Le 05/07/2023 à 07:31

La France "Carte postale" existe toujours. Seulement aujourd'hui la Carte postale c'est le 9-3 dont Saint-Denis, c'est Calais, c'est Empalot et le Mirail. Ce sont certaines cités de Lyon et de Marseille. HONTE à tous les politiques de droite comme de gauche pleinement responsables de cette situation.

pouet31mp Il y a 10 mois Le 05/07/2023 à 07:22

A l'inverse de "comploteur" le mot "complotiste" n'existe pas, c'est une création médiatique reprise par quelques dictionnaires qui ne sont pas celui de l'Académie française.